Sache que j’aurai tout donné ce jour là. Tout donné pour que tu
m’embrasses.
Je
n’oublierai jamais. Ce jour où tes pas se sont avancés vers moi
de façon si déterminée, où tu m’a plaqué contre ce mûr devant
tout le monde. Ce moment où l’espace d’un instant tout s’est
arrêté autour de nous. Où tout semblait au ralentit. J’ai senti
mon cœur rater un battement. Ton visage était si proche du mien que
j’ai cru que le moment était venu. Je sentais ton souffle si
proche. Tu as fait un premier pas significatif vers moi. Je n’avais
qu’à m’avancer d’un millimètre pour que tout bascule. Je l’ai
ressenti comme un test, un défi. Mais je suis restée de marbre,
comme paralysée. Je crois que cet évènement n’aura duré que 3
secondes. Pourtant il marquera à jamais mon existence. Je me
souviens de mon étonnement et de mon hésitation. Est-ce que je dois
suivre mes envies ou ma raison ? J’ai choisi à contre cœur
la voie de la raison. Envahie par le doute et la peur. Que se passera
t’il si je réponds ? Est-ce mon imagination qui me joue
encore des tours ? Est-ce que j’imagine tout ce qu’il se
dégage de cet instant ? Cette puissance, ces pulsations ?
Je me souviens m’être refusée d’à nouveau perdre une amitié
si chère à mon être. J’ai perdu mon meilleur ami une fois, par
de mauvaises interprétations, pas deux. Il en était hors de
question. Ceci même si mon intuition me criait que cette fois-ci,
peut-être que j’étais dans le vrai. Est venu ensuite ce
détachement subtil. Je sentais tous les regards braqués sur nous.
Tu m’as alors dis, ton visage toujours aussi proche « tu as
de beaux yeux tu sais ». Nos regards étaient en effet
tellement accrochés. Peut-être essayais tu de déchiffrer ce que je
ressentais. Je ne le saurais sûrement jamais. Et je pense que c’est
très bien ainsi. L’après a été si déstabilisant car tout s’est
arrêté soudainement. J’ai juste répondu merci la voix
tremblante. Je pensais avoir rêvé, imaginé ce moment. Pourtant, je
te revois faire demi-tour et les gens venir vers moi. Je me souviens
encore de ces mots de mon amie « je rêve où vous avez failli
vous embrasser ? ». Et un camarade dire « ooouhhh
c’était chaud là, il s'est passé quoi ? ». Et les « vous vous êtes dis
quoi ? ». Je me suis sentie tellement couillonnée
littéralement. Je me souviens de cette sensation de visage en feu.
Je me souviens aussi de mes regrets. Car c’était un réel acte
manqué selon moi. J’ai passé tant d’années à me poser la
question « Et si... ?». Je me suis confiée à la
psychologue qui me suivais à l’époque, elle s’est battue corps
et âme pour me convaincre que j’avais fait le bon choix. Que je
devais à tout prix enterrer ce moment et « passer à autre
chose ». J’ai fini aussi par me confier à ma mère. Elle n’a
pas vraiment compris et a pris peur. Je me suis alors sentie seule,
tellement seule. Mais surtout illégitime, incomprise et déboussolée.
En réalité qui je suis ? Qui je mérite ? Est-ce que je
suis condamnée, vouée à me retrouver emprisonnée par mes choix et
par ce souvenir si puissant ? J’ai alors suivi les conseils
reçus et j’ai tout enterré au plus profond de moi. J’ai
combattu, pour les autres, mais aussi pour moi. Car au fond, qui
sait ? Peut-être mon imagination et mon cœur d’artichaut me
jouaient encore des tours, à moi et à mon être qui désirait
seulement être aimé et accepté. Est-ce mal ? Est-ce un
crime de juste vouloir se sentir aimé ? Je ne pense pas. Je me
suis alors contentée de cette belle amitié.
Des
années après, j’ai suivi une thérapie par Hypnose. J’ai
participé à des groupes de paroles avec le même thérapeute. A ce
moment là tout est ressorti puissance 10. Je me suis pris une claque
si violente. Le fait d’avoir enterrer si profondément mes
sentiments, d’avoir repoussé de tout mon être cet évènement,
d’avoir tant lutté contre ces souvenirs avait en fait été la
pire idée du monde. J’ai donc travaillé là dessus avec l’aide
de ce thérapeute et de sa collègue en groupe. Ça a été si
bouleversant et libérateur. Des personnes m’écoutaient sans
jugement ni interruption. Les autres se sont confiés aussi sur leurs
problématiques et vision des choses. Je me suis sentie si soulagée,
soutenue et plus du tout seule. Puis je me suis confiée à mon
chéri, puis à des amies, puis à ma cousine. Aujourd’hui je suis
en paix. En paix avec moi même, avec qui je suis. Je remercie de
tout mon cœur toutes ces personnes qui m’ont écouté et soutenu.
Merci à mon Amour d’accepter cette partie de ma vie, pour son
soutient sans faille, sa bienveillance. Merci à mon thérapeute de
m’avoir tant rassuré, de m’avoir informé que j’étais
simplement un être humain avec un cœur et des blessures.
Aujourd’hui je suis heureuse d’être juste moi, entière et
aimante. J’aime juste l’amour et la vie. Désormais je vois les
choses comme de doux souvenirs inaltérables. Je suis heureuse de
juste avoir aimé, d’avoir ouvert mon âme. Je suis satisfaite de
cet acte manqué car je n’ai pas gâché cette amitié. J’ai la
chance de garder en mémoire seulement les beaux souvenirs. Je me
souviens de ce que je ressentais à tes
côtés. Est-ce que c'était des sentiments amoureux naissants ? Juste de
l’attirance ou juste une amitié fusionnelle ? Car à
l’adolescence j’avais tendance à tout mélanger. Je ne sais pas
et tant mieux non ? Car je ne garde que le meilleur de ces
ressentis. Je te remercie toi, toi qui m’a permis de découvrir qui
je suis. Maintenant que j’ai laissé à cette histoire la
place d’exister dans mes souvenirs, je peux aller de l’avant et
ne plus vivre dans le passé. Je peux avancer en paix. Je ne me sens
plus obsédée par ces « Et si ?… Qu’aurait été ma
vie ? » Si un jour tu me lis, je te dis merci et te
souhaite de tout cœur de trouver le bonheur, la paix et de pouvoir
toi aussi, guérir de tes blessures.
Aujourd'hui j'ai 30 ans. Cet évènement a eu lieu entre mes 17 et 18 ans.
Ce
que je retiens de cette expérience dans ma vie c’est que plus on
cherche à enterrer, à oublier plus les choses prennent de
l’ampleur. Plus on lutte contre quelque chose, plus ça risque de
nous exploser à la figure des années après de façon terrifiante
et amplifiée. Ne sous estimez jamais ça. Car ça peut ressortir
plus tard sous forme de maladie physique ou mentale. Parce-que ça
fini par vous ronger de l’intérieur, ça vous fait vivre dans le
passé et vous empêche de vivre le moment présent. Ça vous
parasite la vie littéralement. Le pire c’est que vous ne le sentez
même pas, ça ne fait que pourrir en vous de façon discrète et
vicieuse. Je vous invite sincèrement à vous engager dans une ou
plusieurs thérapies. Travailler sur ses blessures et traumatismes
permet de se libérer considérablement de nos chaînes et boulets
que l’on se traîne depuis notre enfance.
Prenez
soin de vous, et sachez que rien n’est perdu, rien n’est
irrémédiable. Nous avons tous en nous des capacités de résilience.
Les Musiques qui me font penser à ces souvenirs (via Spotify) :
Musique 1 ; Musique 2 ; Musique 3 ; Et la plus représentative : Musique 4
Je ne vous les partage pas toutes, car certaines sont trop personnelles et je préfère les garder pour moi. Elles m'ont aidé à rédiger cet article.